Avant-propos : Cet article est un extrait de ma thèse de doctorat soutenue le 21 janvier 2011 à l’Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, ayant comme titre : « L’enseignement des langues romanes et de l’anglais dans un lycée roumain: analyse des manuels scolaires et pratiques pédagogiques », sous la direction de Patrice BRASSEUR.
Le but fondamental de l’évaluation est celui de connaître et apprécier les phénomènes évalués et d’harmoniser les activités d’enseignement/apprentissage. (CUCOS 2008 : 98).
Dans la pratique scolaire sont employées plusieurs méthodes d’évaluation qu’on pourrait partager en deux grandes catégories : les méthodes traditionnelles (les vérifications à l’oral et les épreuves écrites) et les méthodes alternatives (le projet, le portfolio, l’auto évaluation, les examens). L’enseignant peut évaluer en utilisant: la notation numérique, par qualificatif, etc. L’évaluation des acquisitions scolaires doit se réaliser rythmiquement.
Parmi les méthodes d’évaluation recommandées par les programmes scolaires, les plus courantes sont : les devoirs à la maison, l’observation systématique (à partir d’une fiche d’observation), les épreuves écrites, les activités pratiques, les comptes rendus scientifiques, les projets, les interviews, les portfolios, les épreuves orales, l’auto évaluation.
Le projet en classe de langue étrangère
Le projet constitue un outil important dans les démarches éducatives actuelles. Il permet de répondre au problème de l’hétérogénéité du public scolaire en personnalisant son parcours. Le projet est un processus dynamique, incitant à l’action, puisque la personne qui s’y implique prépare l’ensemble des opérations nécessaires à l’avènement de cette situation. Un projet n’est pas un cadre strict mais un processus ouvert qui offre un espace de liberté aux acteurs du système éducatif, ouvre un espace de parole et d’échange, permet de clarifier, négocier et légitimer l’action, de briser l’isolement des initiatives individuelles.
Dans le cadre de l’institution scolaire, le projet représente une stratégie d’apprentissage grâce à laquelle les élèves effectuent une recherche à la base de laquelle se trouvent des objectifs pratiques et qui se finalisent dans un produit matériel, appelé «produit final». Celui-ci est le résultat d’une activité de planification, de recherche et d’actions pratiques effectuées soit en groupe, soit individuellement et qui se caractérise par son originalité et son utilité pratiques (exemples de produits finaux : des affiches, des mini-dictionnaires thématiques, des publications scolaires, des vidéos, des albums, des expositions, l’atelier théâtre, etc.).
C’est aussi bien une activité individuelle et/ou de groupe, quoique, dans le cadre scolaire, on encourage davantage les projets de groupe qui favorisent la coopération et développent les compétences de travail en équipe. Un avantage important du projet est qu’il offre la possibilité aux élèves de travailler à leur rythme, de mieux utiliser leur propre style d’apprentissage et de permettre le partage de l’expérience avec les camarades. L’élève est ainsi mis en situation de prendre des décisions, de communiquer et de négocier, d’apprendre à travailler en équipe, de réaliser des activités indépendamment, de partager avec les autres ses connaissances, de participer directement à sa propre formation.
À l’intérieur d’un projet tel que la conception d’une revue de classe, le travail de groupe occupe une place importante dans le temps pédagogique, sans exclure pour autant les séquences transmissives (mises au point théoriques tant grammaticales que discursives) ni les exercices de structuration ou de productions convergentes (vérifications du degré de réinvestissement des acquis).
La réalisation d’un projet doit suivre plusieurs étapes :
1. Le choix du thème et la présentation
La mise en place d’un projet demande de la part de l’enseignant de développer certaines compétences (stratégique, informationnelle) et de réfléchir aussi sur sa pratique. Lors de cette première étape, l’enseignant devrait explorer le thème avec le groupe sélectionné. L’exploration pourrait se faire à l’aide d’un matériel, un texte ou une photo pour introduire le thème. L’enseignant pourrait proposer plusieurs activités. Par exemple : l’exploitation d’une photo ou d’un texte ; « remue-méninges » : dresser une liste de mots et expressions ; comparer des idées ; partager des expériences ; activer le langage : réactiver et présenter du vocabulaire.
L’enseignant établit la liste des étapes du projet, le temps alloué pour les réaliser ; il donne aux élèves les instructions nécessaires concernant chaque étape et les techniques de travail (individuelles ou de groupe). Les élèves doivent être orientés, dirigés et éventuellement aidés par l’enseignant dans la collecte des données nécessaires (en fonction du thème choisi ou imparti). La structure du projet, la concordance entre le contenu et le thème, la capacité d’analyse et de synthèse, la relevance des conclusions, les résultats sont des critères qui doivent également être connus par les élèves dès le début de cette activité.
« Le projet est un travail, un trajet vers quelque chose qui se construit; c’est un mouvement, une dynamique guidée par un sens en gestation capable de s’affirmer au jour le jour. »
(BELLENGER et COUCHAERE 2002 : 16).
2. La préparation
Cette étape implique les participants dans un débat sur leur place dans le projet, leur rôle, le travail à envisager et la préparation de leur contribution personnelle. Ainsi, chaque élève participant aura une tâche précise et un travail à faire. (Exemple: recherche de documentation, la rédaction d’un rapport, la rédaction d’un texte en rapport avec le thème du projet, réalisation du support électronique, identification du langage nécessaire et traduction). La planification de l’activité est le moment où les objectifs du projet doivent être établis; l’enseignant distribue les responsabilités dans le cadre du groupe; les sources d’information sont identifiées (manuels, projets anciens, livres de bibliothèque, presse, personnes spécialisées dans le domaine respectif, institutions, organisations gouvernementales, etc.).
3. La recherche
Pour la réalisation d’un projet les élèves doivent bénéficier d’une minutieuse préparation autant sur le plan conceptuel que linguistique. Ils vont faire des recherches pour produire leurs travaux, en groupe, en binôme ou même individuellement. Dans la nouvelle perspective actionnelle, on met l’accent sur l’utilisation de la langue en tant qu’outil nécessaire pour accomplir des tâches concrètes pour satisfaire des besoins authentiques de la vie réelle. Dans cette étape, les élèves seront amenés à utiliser la langue cible, s’exprimer dans un langage qui réponde aux exigences des activités pour atteindre leur objectif. Cette méthodologie leur demande d’activer leurs connaissances pour arriver à préparer la tâche qui leur a été distribuée.
4. La présentation des résultats de la recherche
Une fois le projet réalisé, les participants pourraient se pencher encore une fois sur leur travail afin de parvenir à une meilleure compréhension de la langue: l’étude des structures, du vocabulaire nouveau ou spécifique, etc. L’enseignant pourrait proposer une activité de feed-back ou un questionnaire pour évaluer la réalisation du projet et pour répondre aux éventuelles questions des élèves concernant leur participation au projet, leur investissement personnel, le volume de l’apport linguistique, ce qu’ils ont apprécié, ce qu’ils voudraient améliorer. Ces informations pourraient être utiles à l’enseignant pour organiser des projets futurs.
5. L’évaluation
Le projet permet d’apprécier et évaluer les apprentissages d’une manière plus fine et plus détaillée et qui peut aider à identifier des qualités individuelles des élèves. Malgré un volume de travail plus grand en dehors de la classe et de l’école, le projet reste une activité très motivante. Il représente la méthode fondée sur le principe de l’apprentissage par action pratique avec une finalité réelle. Son objectif est de mettre en relation les connaissances théoriques avec l’activité pratique, en se subordonnant à une tâche d’instruction et d’éducation. Grâce à son caractère interdisciplinaire, la méthode du projet offre la possibilité de tester et de vérifier les capacités intellectuelles et les aptitudes créatrices des élèves. Le projet remplit un double rôle: il peut être utilisé avec des élèves de lycée pour l’apprentissage et l’approfondissement des thèmes plus complexes qui se prêtent à des abords interdisciplinaires et transdisciplinaires ou comme méthode d’évaluation sommative. En effet, par l’intermédiaire du projet, les élèves peuvent prouver qu’ils ont la capacité de faire des recherches sur un sujet donné avec d’autres méthodes et outils que d’habitude, en utilisant des connaissances appartenant à des domaines divers.
Un projet pourrait être évalué sur plusieurs dimensions :
- la capacité de travailler avec des faits, des concepts et des connaissances qui résultent des apprentissages scolaires ;
- les compétences de communication - l’enseignant peut évaluer toutes les compétences de communication au fur et à mesure que le projet se déroule; il peut aussi évaluer la présentation finale (les projets offrent l’occasion de communiquer avec un public plus large: les professeurs, les adultes, les camarades, dans un effort de collaboration) ;
- la qualité du travail (le professeur examine habituellement l’innovation et l’imagination, le jugement et la technique esthétique, l’exécution et la réalisation, etc.) ;
- la capacité de réflexion de l’élève, de prendre du recul par rapport à son travail, d’avoir en permanence en vue les objectifs proposés et de faire les corrections nécessaires ;
- le produit final du projet - dans la mesure où l’enseignant évalue les compétences de l’élève et non pas les aspects du projet qui ne sont pas édifiants pour les apprentissages.
Le rôle de l’enseignant
Bien que le projet suppose un haut degré de participation de la part de l’élève pour sa propre formation, le professeur joue un rôle essentiel pour organiser l’activité, orienter, conseiller, encourager et surveiller discrètement toutes les étapes. Il est aussi important qu’il ne s’implique pas dans le travail proprement dit des groupes d’élèves ou que son intervention reste minime, dans les cas où elle est absolument nécessaire. Les instructions qu’il donne doivent être claires, spécifiques et doivent contenir une limite de temps pour l’accomplissement des objectifs. Prendre des décisions, assumer des risques, constituent une importante partie de l’apprentissage par projet. Cependant, l’enseignant devrait éviter que les élèves soient mis devant une situation d’échec majeur car nous savons bien l’influence négative que cela peut avoir sur l’apprentissage. L’une des tâches importantes qui lui reviennent est d’assurer et de mettre en évidence le succès ou la réussite de l’action de l’élève même s’il s’agit d’un succès partiel ou minimal.
L’importance de réaliser des projets au lycée
Plusieurs arguments viennent appuyer l’idée de l’utilité des projets dans le cadre de l’enseignement secondaire actuel. Les deux acteurs de la scène de l’enseignement/ apprentissage, le professeur et l’élève pourraient bénéficier de la mise en place et de la réalisation des projets pour :
– mettre en valeur les objectifs des programmes scolaires qui sont, nous l’avons vu, assez riches et qui invitent les enseignants à pratiquer la pédagogie différenciée et les élèves à réaliser des projets pédagogiques et des portfolios de langues ;
– donner du sens à l’apprentissage à l’intérieur de l’école ;
– développer les compétences de communication des élèves ;
– intégrer la dimension interculturelle et interdisciplinaire dans l’enseignement/ apprentissage ;
– motiver les élèves en leur proposant des nouvelles modalités d’apprentissage, les attirer vers la langue cible dont l’apprentissage est souvent en crise (surtout dans le cas du français) ou en décalage (dans le cas de l’italien et de l’espagnol) ;
– diversifier les stratégies d’enseignement en les enrichissant par des pratiques complémentaires et ne pas se limiter aux manuels proposés par le ministère ;
– prendre en compte l’hétérogénéité des élèves et leur proposer un enseignement différencié ;
– former les enseignants et les inviter à échanger leurs expériences pédagogiques et à mettre en pratique des stratégies innovantes qui rendent l’enseignement des langues intéressant et motivant.
Dans l’exercice du projet, les tâches concernent le travail des participants et reflètent les situations qui forment leur quotidien.
« Il n’y a de tâche que si l’action est motivée par un objectif ou un besoin, personnel ou suscité par la situation d’apprentissage, si les élèves perçoivent clairement l’objectif poursuivi et si cette action donne lieu à un résultat identifiable. (...) La pédagogie de projet est certainement la forme la plus aboutie d’une démarche actionnelle »
(GOULLIER 2005 : 21).
Autor: Prof. Carmen-Valentina Chollet-Mocanu, Colegiul Economic „Anghel Rugină“, Vaslui
BIBLIOGRAPHIE :
BELLENGER, Lionel, COUCHAERE, Marie-Josée (2002), Animer et gérer un projet - Un concept et des outils pour anticiper l’action et le futur, Paris, ESF, 175 p.
CUCOS, Constantin (2008), Teoria şi metodologia evaluării, Iaşi, Editura Polirom, 272 p.
GOULLIER, Francis (2005), Les outils du Conseil de l’Europe en classe de langue, CECR et Portfolios, Paris, Didier, 127 p.
Programmes scolaires :
2004 (Le Programme scolaire de français, cycle supérieur du lycée, approuvé par l’ordre du ministre, nº 3410 / 07.03.2006), Bucarest.
*Acest articol a apărut în numărul 64 al Revistei EduȘcoală, care poate fi citită integral aici.
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